#No125
Nous allons commencer notre article sur ce discours plein de sagesses de l'ancien Président sénégalais, Abdoulaye Wade qui s'adresse à la jeunesse africaine. Nous avons particulièrement aimé ce passage dans lequel il dit que le capitalisme est un phénomène avec lequel il faut désormais compter si nous voulons développer l'Afrique. Libre à nous de l'adapter à nos réalités, notre dignité et notre culture mais il est impossible de faire sans lui. Aujourd'hui nous ne pouvons pas parler de capitalisme sans parler de la culture et du secteur du divertissement. Un secteur encore sous développé dans nos pays même si les initiatives commencent à se multiplier et les œuvres artistiques aboutis à renter dans notre culture locale.
L'occident bénéficie de son Soft Power (pouvoir d'influence) dans le monde non seulement à cause de la bonne gouvernance, la qualité de vie de ses citoyens mais aussi et surtout grâce à sa culture exportée dans le monde, notamment à travers les arts (le cinéma, la musique, la mode ou l'artisanat...). Une culture qui porte des visages, des fois une couleur au gré des enjeux politiques servant à promouvoir un mouvement d'influence et de domination des consciences. Qui n'a pas pleuré devant Titanic? Combien de personnes ont investi dans la création ou l’abonnement dans les salles de sport depuis l’avènement des films comme la saga Fast and Furious qui fait la promotion des physiques musclés. Laquelle de nos filles ne rêvent pas de ressembler à Beyoncé ou Rihanna qui sont des chanteuses, mannequins, femmes d'affaires influentes? Il y a certes du bon dans cette mondialisation de la culture mais qu'est ce que nous, africains, nous efforçons d'apporter au monde? Car au delà des images, la culture crée un lien entre son pays d'origine et les consommateurs émotionnels où qu'ils soient. Un lien et des émotions qui évoluent vers la consommation financière et économique.
"Titulaire d'un diplôme de communication, celui qui faisait partie du groupe de rap émérite New G ayant pour bastion la Ville de Ségou, a su réussir le pari d'une carrière en solo. Suivi par plus de 170 000 followers sur Instagram, celui qui a des clips diffusés sur la célèbre chaîne BBlack, nous parle de son parcours artistique, ses projets dans le domaine de la musique et sa vision de la culture au Mali."
Regarder les chaines occidentales nous poussent à faire nos vacances en Occident, à consommer comme les occidentaux et à renforcer l'économie des territoires d'ailleurs aux détriments des nôtres qui commencent à peine à voir le lien étroit entre la culture, les médias, la politique, le divertissement, l'urbanisme, le tourisme et la vie quotidienne dans laquelle nous consommons des produits qui nous ont été préalablement vendus dans l'inconscient avant que nous les acquerrons physiquement. Dans cet article, nous voulons parler de la culture malienne ainsi que l'apport de nos artistes au rayonnement de nos territoires, à l'ère d'internet qui remet tout le monde au même pied d'égalité pourvu de travailler dur, sans détour ni raccourci. Pour mener à bien cette réflexion, le parcours d'un artiste pas comme les autres a attiré notre attention, celui de 2bto qui a déjà à son actif 3 albums dont 1 double album et plusieurs mixtapes. Titulaire d'un diplôme de communication, celui qui faisait partie du groupe de rap émérite New G ayant pour bastion la Ville de Ségou, a su réussir le pari d'une carrière en solo. Suivi par plus de 170 000 followers sur Instagram, celui qui a des clips diffusés sur la célèbre chaîne BBlack, nous parle de son parcours artistique, ses projets dans le domaine de la musique et sa vision de la culture au Mali.
Pouvez-vous vous présenter à nos lectrices et lecteurs s'il vous plaît ?
Je suis Cheick Abba Touré à l’état civil, avec le nom d’artiste 2bto King. Je suis un Rappeur malien qui est né et qui a grandi à Bamako.
Si vous deviez vous définir en 3 mots, que choisiriez-vous de nous dire et pourquoi ces qualités ?
Je suis passionné, déterminé et pragmatique.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
J’ai passé la 1ère partie de ma vie, majoritairement, au quartier de l’hippodrome où j’étais depuis le jardin d’enfant Bambino (la maternelle) jusqu’au CEP à l’école Malick Gueye Fall. J’ai passé mon second cycle à l’école Mama Thiam toujours à l’hippodrome. À l'adolescence, je me suis installé à Badalabougou mon quartier, où je me suis inscrit au lycée « les Castors » pour les 3 ans à venir. Après l'obtention de mon bac en 2012, j'ai fais une année sabbatique. Ensuite j’ai été à l’université « ISPRIC » pour 2 ans de tronc commun parcours communication puis j’ai poursuivi ma licence à l’Institut Africain de Management «IAM ». À la fin de ma licence, j'ai fais une pause dans mes études avant de reprendre les cours il y a 2 ans, pour un Master à « ESTC » (en cours). En parallèle de mon projet professionnel, j'ai toujours fais de la musique. Ma carrière musicale remonte au second cycle.
Parlez nous de votre carrière musicale
Mon 1er couplet rap je l’ai posé avec quelques amis du second cycle à Mama Thiam en 2009 où j’avais créé un groupe « Ghetto Connexion ». Nous enregistrions nos sons sur mon PC avec un logiciel appelé mixcraft. À cette époque, bien que passionnés, nous faisions de l’amateurisme sans réel mastos, juste avec un ordi et un casque, donc côté qualité audio on ne pouvait pas faire plus bas de gamme. Mais c’était de l’amusement et de la curiosité surtout, ensuite l’appétit est venu en mangeant. Je me suis rapidement remis sur mes cahiers et pensé à mon DEF (Brevet ouvrant l'accès au lycée), non sans faire quelques sons vite faits avec les copains pendant les vacances. Arrivé au lycée j’ai rencontré un ami, Mohamed Lamine Traoré dit « MLT » avec qui je partageais la passion du rap alors on s’est associé et on a fait un premier son « N’a tô flai » (les castoriens 1ère générations sauront de quoi je parle), accompagné de 2 ou 3 autres sons dans la foulée... pendant les vacances qui ont suivi ce projet, j’ai essayé de rassembler mes copains, cousins et amis dans le rap, que ce soit à Bamako ou Ségou (d’où mon Père est originaire et où je passais mes vacances) pour former un groupe qu’on a appelé « New G ». Un groupe composé au début par moi même 2bto king, ATT weezy F, Given-J et Youbaf-shi.
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Plus tard nous avons adopté deux nouveaux membres venant d’un groupe rival à l’époque qui s'appelait « RAS ». Il s'agit de Baydi Bandi et de Pedroski. Nous avons été l’un des (sinon les) pionniers du rap à Ségou où nous sommes devenus rapidement de petites stars mais à Bamako nous n’étions que des jeunes rappeurs amateurs, parmi des centaines voire des milliers d’autres à une époque qui était sans doute le début de l’âge d’or du Hip-Hop malien. Le groupe s’est par la suite, peu à peu, disloqué. Par la suite certains se sont lancés dans une carrière en solo et d'autres ont pris la retraite artistique. Une étape qui a coïncidé avec mon obtention du baccalauréat et le coup d’état au Mali en 2012.
"N’ayant pas grand chose à faire pour m'occuper dans une ville où désormais je n’avais plus beaucoup d’amis, puisque ces deniers sont tous partis à l’extérieur dans le cadre de leurs études. Je me suis remis au rap en solo cette fois ci et à la musculation."
La situation du pays ayant engendré quelques difficultés financières du côté de ma famille et l’effondrement encore une fois de l’école publique (que je découvrais pour la 1ère fois) j’ai été contrains de prendre une année sabbatique. N’ayant pas grand chose à faire pour m'occuper dans une ville où désormais je n’avais plus beaucoup d’amis, puisque ces deniers sont tous partis à l’extérieur dans le cadre de leurs études. Je me suis remis au rap en solo cette fois ci et à la musculation. C’est là que j’ai connu Selfmade Nation où j’allais enregistrer mes sons. C'est aussi dans ce cadre que je me suis fait repérer par le boss du studio qui était en fait un label. Ce dernier qui s'appelle « Baba Whizzo » m’invita à rejoindre la team qui était déjà composée de Young Malik et Tha Fellaz entre autres. Ils produiront les 2 premiers clips de ma carrière, Monaco et Leonidas qui passera sur BBLACK grâce à Ryan Cheick un opérateur culturel malien que je ne connaissais pas encore. Par la suite j'ai continué bosser sur mon rap et vers 2014, j’ai fait des featuring avec Malian Marley , Gamezi et Ox B qui ont beaucoup aidé à me faire connaître dans l’underground.
Début 2015 j’ai organisé avec mes amis mon 1er podium gratuit à ciel ouvert dans mon quartier à Badalabougou. Dans la foulée j’ai rencontré mon Manager et ami Lamo sept qui m’a énormément aidé en termes de visibilité. Il s'occupait à chercher et obtenir pour moi des prestations dans les lycées et autres lieux où je pouvais me produire. Nous sommes ensemble jusqu’à aujourd’hui. En 2016 je sors ma 1ère mixtape « Siento Elemento » composée de 24 titres. En 2017 lors de la préparation de mon album j’ai appris que je dois arrêter la musique parce que la famille n’aimait pas trop ça, à cause de la mauvaise presse des rappeurs, la connotation culturelle que l’on a de la musique en Afrique et au Mali parce qu’elle serait réservée aux hommes de caste, une catégorie dont je ne fais pas partie et aussi à cause de mon cursus scolaire que je devais continuer. J’ai alors appelé mon album « Outro » avant de prendre ma retraite qui a duré 8 mois. En 2018 j’étais de retour avec le morceau « Remontada », suivi de quelques singles et une mixtape du nom de « Paramilitaire» qui s’en suivit la même année. En 2019 j’ai sorti mon 1er double album « Dopmanie » avec quelques singles et featuring en parallèle de ma série de freestyle « couvre feu », une série que j’ai commencé en 2017 jusqu’à nos jours. En Janvier 2020 j’ai lancé l’album Serotonine. Pendant la pandémie du coronavirus j’ai sorti une mixtape nommée « chloroquine » dont j’ai lancé la 1ère partie. La 2ème partie sortira bientôt insha Allah.
Qu’espérez vous apporter à la société malienne avec votre musique ?
J’espère apporter l'innovation dans la musique grâce à la qualité de mes prestations organisées avec professionnalisme. Considérant mes prestations comme une véritable offre de service, je travaille pour rentabiliser économiquement ma production artistique en termes de vente d'album (notamment sur les plateformes digitales) et de concerts. De plus j'oeuvre beaucoup pour la promotion de la culture du rap au Mali.
Citez nous un ou quelques échecs et les leçons apprises par celui que vous êtes aujourd'hui.
J’aurais appris même si on me l’avait déjà dit que le travail et la persévérance payent. Que le timming en toute chose est très important. Que la foi est l’essence de la vie, qu’Allah est le Très Haut et que Mohamed (Paix et Salut sur lui) est son Prophète.
Promouvoir votre business ou entrer en contact avec des professionnels compétents sur
Quels sont vos projets d'avenir?
Mon projet est d’être en bonne santé, libre et heureux. Pour ça il faut de l’argent.
Si vous deviez remercier quelques personnes, qui sont elles et que représentent-elles pour vous ?
Oh oui je remercierai naturellement :
- mes chers parents,
- mes frères et ma sœur,
- ma femme,
- mes amis Lamo et Kalil qui m’ont toujours soutenu dans les mauvais comme dans les bons moments.
- les gens que j’ai pu rencontrer à des moments précis de ma vie, qui m'ont apporté leur chaleur et à qui peut être j’ai apporté la mienne même si c’était pour un temps seulement. Dans ma carrière de rap le professionnel se transforme souvent en amical et vice versa, donc merci à mes amis.
Que pouvez-vous conseiller aux jeunes générations pour atteindre leurs objectifs?
"Pour le moment je ne pense pas avoir les clés pour atteindre le sommet mais ce n'est qu'une question de temps et de travail, beaucoup de travail ". Il est là leur objectif.
Citez 3 bienfaits immédiats de l'entrepreneuriat pour l'Afrique ?
L'entrepreneuriat est devenu une nécessité en Afrique, 3 de ses bienfaits peuvent être la création d’emploi pour les jeunes et par les jeunes, le développement personnel et le développement communautaire.
Quelle est la citation parfaite qui résume votre vie?
« J’ai eu des amis pauvres, j’ai eu des amis riches mais ce sont mes amis pauvres qui m’aident à devenir riche.» 2bto
Quelques mots sur Arcare Concept
J’aime bien le concept et les questions ne sont pas fades c’est bien la 1ère fois que je livre autant de détails sur mon parcours, bon vent à vous.
Arcare Concept & vous!
Pionnière dans la communication digitale au près des entreprises, des associations et des collectivités locales, Arcare Concept (ou l'Agence Concept 4'part) a comme objectif de vous accompagner vers des solutions simples et efficaces en termes de relation publique : imaginer, concevoir, réaliser les stratégies digitales dans un contexte numérique et technologique qui évolue en permanence. Notre Agence a progressivement mis en place les différents packages face aux demandes diverses et récurrentes de notre communauté de collaborateurs professionnels. Avec l'Agence Concept 4'part, vous ne verrez plus la communication digitale de la même manière : pour chaque package choisi, vous contribuez financièrement à la promotion d'un entrepreneur ou d'un porteur de projet.
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