Selon l'association des web francophones « La diaspora africaine représente 8,5 millions d’hommes et de femmes répartis dans toute l’Europe dont environ 3,5 millions en France. La diaspora africaine connaît des mutations par la révolution numérique. Cette diaspora est décomplexée, interconnectée, interactive et force de proposition. Les jeunes intègrent les nouvelles technologies de l’information et de la communication, les plates-formes et les réseaux sociaux.» Des données qui démontrent l'existence d'un marché et le potentiel d'une culture dont la communauté afro-caribéenne est l'héritière légitime dans une société occidentale de plus en plus diversifiée. Une culture nécessaire à l'éducation des générations futures, notamment les jeunes filles noires qui subissent doublement la pression sociale, d'abord en tant que femme en devenir mais aussi en tant que femme noire. Oui elles sont appelées à accomplir le double de ce que les autres devront réaliser : au 21ème siècle les femmes noires doivent encore s'excuser, au mieux s'expliquer lorsqu'elles mettent en avant leurs cheveux crépus. Or tout bonne intégration et toute acceptation sincère commencent par là : le respect de l'autre pour ce qu'il est dans son humanité, sa richesse culturelle, son histoire, sa manière d'apporter les vertus de la diversité dans la société.
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Ce sentiment de reconnaissance pousse la communauté afro-caribéenne ainsi que la diaspora africaine à s'impliquer dans les postes de responsabilité, les médias, les professions libérales, la politique et l'entrepreneuriat. L'activité et les efforts d'une jeune femme ont particulièrement attiré notre attention. Il s'agit de Anais Oxybel qui a créé son entreprise spécialisée dans la fabrication d'objets ludiques (poupées, livres, smart box, etc.) pour les enfants et les équipes spécialisées dans l'accompagnement de la petite enfance. Coordinatrice d'équipe dans un établissement de santé, Anais qui a le sens du partage a décidé de créer cette entreprise pour donner une chance à la jeunesse africaine de renouer avec elle-même, de s'apprécier à sa juste valeur et de transmettre cette confiance en soi à la génération future. Pour cela, quoi de plus important que la conception d'objets ludiques et créatifs qui participent à la construction de l'imaginaire des enfants qui sont les futurs adultes. Fidèle aux valeurs solidaires et sociales, comme la plupart des travailleurs qui évoluent dans ce secteur, elle finance grâce à une partie des revenus de Creanahys, l'équipement d'une école localisée au Togo.
Pouvez-vous vous présenter à nos lectrices et lecteurs s'il vous plaît ?
Je m'appelle Anais Oxybel j'ai 27 ans je suis d'origine guadeloupéenne togolaise et béninoise. Je suis coordinatrice d'équipe dans un établissement médico-social (anciennement éducatrice). Et en même temps, je suis spécialisée dans la confection d’ouvrages et d’objets éducatifs. Je suis très créative, imaginative, manuelle, j'aime partager tout ceci avec les enfants ainsi que les adultes qui les éduquent.
Si vous deviez vous définir en 3 mots, que choisiriez-vous de nous dire et pourquoi ces qualités ?
Je suis :
- créative : sans ma créativité, je ne pourrai pas continuer à réaliser mes projets. Cela me permet de réfléchir, de mettre des projets en place, de tester…
- déterminée : car je veux aider les enfants qu'ils soient en situation de handicap ou non. Pour qu'ils s'épanouissent par le biais des ateliers que j’anime ou grâce aux boîtes créatives et éducatives. Je m’adapte également à la demande pour pouvoir répondre aux besoins de mes clients.
- sociable : j’aime être en contact, discuter, débattre et établir des relations avec les autres. J'ai la facilité de tisser du lien avec les autres tout en les aidant par le biais des projets éducatifs. C'est bien pour cela que je me suis orientée vers le secteur social.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Dès l'enfance j'ai commencé à faire de la danse du dessin de la poterie, j'ai dessiné de temps en temps chez moi. Je gagnais plusieurs fois à des concours de dessin et je créais mes vêtements et mes accessoires (boucle d’oreille et objet décoratif…).
J'ai eu un baccalauréat - option tertiaire. Par la suite, j’ai envisagé une reconversion après plusieurs renouvellements de mon contrat dans une maison de retraite, où je réalisais des ateliers éducatifs. Suite à ces missions, je me suis demandée ce que je voulais exercer plus tard. Après réflexion, j'ai voulu exploiter mon potentiel créatif ! De ce fait, je me suis orienté vers le métier d'éducateur pour aider les résidents à progresser (dextérité, motricité...) par le biais d'activités manuelles et créatives, tout ce qu'il faut pour assurer un accompagnement social et éducatif de qualité.
Parlez nous de votre entreprise spécialisée dans la confection d'objets éducatifs pour les enfants.
Creanahys est une entreprise spécialisée dans la confection d’objets éducatifs.
Pourquoi ce nom et pourquoi avoir créé l’entreprise?
Créa fait référence à la création et Anais mon prénom, d'ou le jeu de mots. Dans mon quotidien avec les enfants, en tant qu'éducatrice, j'ai remarqué que certains enfants manquaient d'estime de soi, de valorisation et ne se sentaient pas représenter dans les activités manuelles, ouvrages ou jouets éducatifs. Certains enfants disaient par exemple il n’y a rien en Afrique, c’est pauvre, pas d’art… C'est alors que j'ai imaginé et créer des activités pour les enfants. Afin qu’ils puissent s'estimer et connaitre leurs histoires par l’intermédiaire des arts.
L’entreprise répond à la demande des parents et éducateurs qui souhaitent que leurs enfants ou élèves puissent se reconnaître par le biais des activités en rapport avec leur origine, leur histoire. Créanahys propose des box pour enfants qui ont pour but de coudre des poupées selon le modèle que l’enfant aura choisi. Les box sont réservées aux enfants d'au moins 5 ans. Quant à l'ouvrage éducatif, il est composé par le livre d’activité manuelle et le modelage avec Sadé et ses amis. Dans le cadre de la démarche sociale, Créanahys est en partenariat avec une école au Togo, auprès de laquelle, elle reverse une partie de ses revenus qui sert à acheter des fournitures scolaires (bancs, chaises, cahiers…).
Quel impact cela pourrait avoir sur les jeunes générations ?
En grandissant les jeunes pourront dire qu’ils ont évolué avec des activités, des histoires, des personnages à travers lesquels ils pourront se reconnaître. Par la suite, la génération actuelle pourra reproduire le même schéma vertueux avec la prochaine.
Citez nous un ou quelques échecs et les leçons apprises par la femme que vous êtes aujourd'hui.
J’ai échoué une première fois au bac, cela a été un gros échec. Mais finalement cet échec a été un impact positif car j'ai pris le temps de m’écouter, de savoir ce que je voulais faire. C'est vraiment essentiel de se connaitre afin qu'on puisse s'affirmer, s’accepter et savoir ce que l’on veut faire. J'ai considéré mes échecs comme un retour à la case départ, maintenant je me rends compte que chaque échec est une force pour mieux avancer .
Quels sont vos projets d'avenir ?
J'ai pour aspiration d'ouvrir des écoles pour accueillir les enfants en situation d’handicap en Afrique et en France également, mener plus d’ateliers éducatifs grâce à mes interventions.
Si vous deviez remercier quelques personnes, qui sont elles et que représentent-elles pour vous ?
Je remercie :
- toutes les personnes de mon entourage ( famille et amis),
- les journalistes qui m'ont interviewé ( journal amina, radio espace fm…),
- les parents et les enseignants,
- surtout les enfants, car beaucoup sont manuels et le fait de les voir valoriser le travail que nous faisons ensemble me donne le courage d’avancer.
Enfin, je tiens à vous remercier car vous avez portez un intérêt à mon travail en me donnant la parole dans votre blog.
Que pouvez-vous conseiller aux jeunes générations pour atteindre leurs objectifs?
Je conseillerai aux jeunes, d’avoir confiance en soi et se connaitre, de commencer à se focaliser sur un ou deux domaines afin d’étudier la faisabilité du projet, ne pas hésiter à échanger, communiquer et accepter l'aide et surtout ne pas s’arrêter au premier échec.
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Citez 3 bienfaits immédiats de l'entrepreneuriat pour l'Afrique
Je citerai :
- la création d’emploi qui diminue le taux de chômage et le taux d’immigration clandestine vers l’Europe,
- la réduction de l’importation des produits, ce qui permet aux entrepreneurs locaux la possibilité de pouvoir montrer leurs compétences pour satisfaire le consommateur local voire une demande internationale.
- la reconnaissance des talents, du potentiel des africains qui sont capable de prendre leur destin en main à travers la création d'entreprises.
Quelle est la citation parfaite qui résume votre vie?
La vie n’a pas besoin d’être parfaite, elle a juste besoin d’être vécue.
Que pensez-vous de Arcare Concept?
C'est un concept génial, qui permet de promouvoir les activités des entrepreneurs, merci pour cette interview!
Qui sommes nous?
Arcare Concept est une start-up de Communication (Digitale & Blog) et de Mode (Boutique & Bar Créatif). Elle a été créée en 2017 par Soumaïla DIAKITE pour promouvoir le métissage des cultures afin de mettre en avant les initiatives sociales, professionnelles entrepreneuriales et technologiques menées par la communauté africaine dans le monde. Participant à la discrimination positive en faveur des communautés stigmatisées en France comme en Afrique, Arcare Concept se définit, avant tout, comme une Entreprise Sociale et Solidaire qui prend soin d'inclure tout le monde!
Actuellement nous avons mis en ligne une campagne de financement participative pour financer le projet. Vos dons serviront à conforter notre initiative qui agit pour la diversité. Cliquez sur le lien pour nous soutenir : Leetchi up
Soumaïla Kotié Diakité
Chargé de contenu digital chez www.arcareconcept.com
Social Média Manager chez l'Agence de Com' Concept 4'part
Stagiaire à l'Ecole de Management des Entreprises (EME-Picardie)
Membre du BGE Club Amiens Picardie
Diplômé en Master des Projets Numériques (Université Toulouse II)
Téléphone : 06 65 57 09 87
E-mail : soumaila.diakite@gmail.com
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