#No179
Nous sommes allés à la rencontre du Docteur Mariame Sidibé pour parler du problème de fond de la crise malienne actuelle. En effet on ne peut pas parler de crise malienne sans parler de la question du genre qui fait référence à toutes les catégories de minorités et sans parler des migrations subies, notamment par les plus vulnérables, à savoir les femmes, les personnes âgées et les enfants. Le Docteur Mariame Sidibé nous a permis d'ouvrir les yeux sur les réalités du terrain et les pistes de résolution du conflit social et identitaire au Mali et dans le Sahel. Des pistes qui pourront donner des résultats concrets lorsqu'elles seront intériorisées par les acteurs sociaux et institutionnels. Parmi ces pistes il y a le travail collectif pour l'instauration du dialogue, la promotion de la collaboration, de l'inclusion suffisante des femmes, l'éducation intellectuelle à travers des projets communs au niveau des territoires spécifiques, mais aussi l'éducation sociale, culturelle, économique et patriotique voire panafricaine auprès des populations.
Enseignante-chercheuse, elle nous parle de sa motivation ainsi que ses espoirs sur la jeunesse malienne, qui, malgré les difficultés et les conjonctures essayent de s'en sortir. Des difficultés qui, selon elle, laissent un sentiment d'inachevé vis-à-vis de cette jeunesse qui a du potentiel. Une jeunesse qu'elle oriente vers l'entrepreneuriat dans un contexte d'intégration professionnelle complexe à cause du manque de place dans le système administratif et privé, face à l'augmentation du nombre de diplômés qui ressortent chaque année de l'Université. Misant sur la formation qualitative de la jeunesse malienne, elle nous parle des difficultés rencontrées par l'enseignement supérieur malien qui traverse une grave crise sur plusieurs années, ce qui aggrave la crise au niveau global. Mais grâce à cet échange nous avons acquis l'espoir en ce qui concerne notre génération qui a des défis à révéler, des défis difficiles mais pas impossibles à relever.
Pouvez-vous vous présenter à nos lectrices et lecteurs s'il vous plaît ?
Je suis Docteur Mariame Sidibé, Ancienne Chercheure à la Faculté de Sciences Administratives et Politiques de Bamako, je suis aussi Cheffe de la Plateforme de Suivi d'Apprentissage au Sahel, il s'agit du Projet PASAS qui est un projet de l'AFD exécuté par l'Institut de Recherche et de Developpement et le Cabinet de Consultant ICE France qui mène des séries d'études dans le domaine " Paix et Médiation, Gestion des Conflits, Sécurité et Développement Local, prise en compte des Groupes Marginalisés". L'objectif de ces études c'est d'orienter les décisions stratégiques et opérationnelles des acteurs du développement dans les pays du G5 Sahel et ceux du bassin du Lac Tchad.
Si vous deviez vous définir en quelques mots, que choisiriez-vous de nous dire et pourquoi ces qualités ?
Il est toujours difficile de parler de ses qualités. C'est quelque chose qui revient aux autres d'apprécier chez nous. Cela peut être sur le plan professionnel et sur le plan familial. Selon moi mes qualités sont :
- le partage, pour moi tout doit se partager et le partage n'est pas que matériel, le partage est intellectuel, c'est ce qui justifie aussi le premier métier que j'ai choisi, être Enseignante-Chercheuse, afin de partager mes connaissances avec beaucoup d'étudiants maliens qui ont un réel besoin de savoir et tout un tas de difficultés d'accès au savoir. Le partage est important et aussi le respect de nos valeurs sociales et culturelles parce que, quelque part, le partage social se dessine dans certaines valeurs et ces valeurs ne sont pas exclusives à la société malienne et africaine, elles sont présentes dans d'autres cultures. Il s'agit des valeurs porteuses de paix, de cohésion sociale, de pardon et surtout de diversité culturelle et religieuse.
- l'amour pour la construction citoyenne au respect des uns et des autres, au respect des droits humains et même au respect de l'environnement, ce qui peut paraître comme étant des choses peu connues chez nous mais qui sont nécessaires pour notre pays, notre planète et surtout pour les générations à venir.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
J'ai un parcours classique. J'ai fait mes études de la primaire jusqu'au Bac au Mali. Après mon Baccalaureat j'ai fait le Droit International au Sénégal, arrivée au cycle du Master j'ai commencé à l'Université Bordeau 4, où j'ai fait un premier Master 2 en Relation Internationale option Pensée et Mutation Politique. Après ce Master 2, j'ai fait un deuxième Master 2 en Sécurité Globale. Ces deux diplômes posaient les jalons de ce que je comptais faire plus tard à l'étude doctorale. J'ai eu une interruption de 3 ans entre les 2 Masters, j'ai commencé à travailler au Mali, singulièrement dans le système des Nations Unies à l'UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l'Éducation, la Science et la Culture), comme Chargée de Programme Adjointe Éducation. Après j'ai intégré l'enseignement supérieur, à partir de cette intégration, je suis venue à Bordeau, où j'ai intégré Science Po Bordeaux, pour faire une thèse doctorale sur les questions de l'immigration, conflit et sécurité, ce qui me vaut le titre de Docteur en Science Politique spécialiste sur les questions de Migration Sécurité Conflit et Genre.
Parlez-nous de votre parcours en tant qu'Intervenante sur les questions de genre
Au de-là de l'effet de mode dont bénéficie le genre ainsi que les acteurs du développement en ce moment, il faut savoir que ce n'est pas quelque chose de nouveau dans nos pays. On trouve en fait le genre chez nous depuis la Charte de Kouroukan-Fouga qui associe les femmes à la gouvernance. Quand on évoque l'approche de genre, concernant la participation des femmes, c'est une approche qui est très ancienne chez nous (notamment sur le plan culturel) même si l'approche évolue. Mais penser que le genre est un concept imposé par l'Occident, il faudrait déconstruire cette approche dans un premier temps. Il est aussi important de tropicaliser notre approche du genre en le rapprochant de nos valeurs sociales et culturelles pour qu'il y ait une meilleure appropriation, pour et par les citoyens. D'un point de vue professionnel, on travaille beaucoup sur l'approche genre parce que les études que nous pilotons comportent tous des vecteurs (sur le genre) qui interviennent de manière transversale sur ces questions. J'ai aussi travaillé énormément sur les questions de migration forcée et de conflit de crise au Sahel, singulièrement à propos des réfugiés maliens de la Region de Tillabéri au Niger. J'ai beaucoup travaillé sur le genre et la migration forcée. La migration est une discipline qui rentre dans le cadre des sciences sociales, l'exil est une difficulté et être femme en situation d'exil c'est une autre difficulté : ces femmes qui ont tout perdu et qui se trouvent exilées en terre inconnue, quel que soit leur âge (de la moins jeune à la plus jeune). Elle se trouve dans des parcours migratoires très complexes et la manière dont elles se reconstruisent devient problématique. Nous avons 3 grandes difficultés :
- celle liée à la migration,
- celle du conflit,
- celle d'être femme.
De façon globale le concept du genre ne se limite pas aux femmes. C'est finalement la prise en compte de toutes les minorités et la prise en compte des minorités est une question importante qui met à nu les questions identitaires au Mali, des questions qui sont souvent occultées, celles dont on parle très peu. La plupart des réfugiés sont issus des minorités ethniques au Mali. Ce sont souvent les premières personnes à payer le prix du conflit. Nous approchons le genre dans l'enseignement au niveau de la recherche et aussi de la recherche-action.
"Je viens de clôturer une étude au compte de l'ONU Femmes qui doit paraître sous forme d'article scientifique dont le rapport sera bientôt disponible et qui parle de la faible participation des femmes au processus d'accord de paix sachant qu'elles sont les premières victimes des conflits. En sécurité numérique quand on compte les victimes, les femmes sont les plus nombreuses et pourtant elles sont très peu associées au processus de négociation de paix. L'idée de cette étude est d'attirer l'attention sur ce gros gap qui existe et comment mieux prendre en compte ce manquement, associer les femmes au processus de négociation des accords de paix et de manière générale à tous les dispositifs de paix et médiation des conflits au Mali."
Je viens de clôturer une étude au compte de l'ONU Femmes qui doit paraître sous forme d'article scientifique dont le rapport sera bientôt disponible et qui parle de la faible participation des femmes au processus d'accord de paix sachant qu'elles sont les premières victimes des conflits. En sécurité numérique quand on compte les victimes, les femmes sont les plus nombreuses et pourtant elles sont très peu associées au processus de négociation de paix. L'idée de cette étude est d'attirer l'attention sur ce gros gap qui existe et comment mieux prendre en compte ce manquement, associer les femmes au processus de négociation des accords de paix et de manière générale à tous les dispositifs de paix et médiation des conflits au Mali.
La problématique du genre peut aussi nous renvoyer à l'insécurité notamment en termes d'égalité des chances. Quelles sont selon vous les mesures à mettre en place pour régler ce sentiment d'insécurité et ce phénomène social qui peut emmener au conflit ?
La question d'égalité des chances commence depuis le début du processus. Pour parler d'égalité des chances au niveau de l'emploi ou d'égalité salariale il faut d'abord que la jeune fille ait accès à l'éducation. Les spécialistes de l'éducation peuvent le confirmer ou pas, mais au moment des inscriptions à l'école primaire, le quota des filles est souvent plus nombreux que celui des garçons et plus on avance dans le système éducatif (du primaire au secondaire puis au supérieur) on voit que ce nombre diminue considérablement donc cela traduit les difficultés que la petite fille a pour continuer une éducation. Ce parcours est semé de nombreux d'embûches comme les mariages forcés, les difficultés financières de la famille, où on fait le choix de sécuriser l'avenir du petit garçon qui prendra la famille plus tard, au lieu d'investir dans l'éducation d'une fille qui est amenée à se marier et aller en dehors de la famille. Donc l'objectif est de déconstruire tous ces clichés et donner toutes les chances aux jeunes filles de pouvoir mener des études de qualité. Dans l'enseignement supérieur et le milieu de la recherche, les femmes sont très peu représentées. Nous sommes dans une faiblesse numérique conséquente parce que finalement étudier, accéder au grade de docteur est très complexe. Certaines études montrent le faible pourcentage des femmes qui accèdent à ce niveau de formation universitaire au Mali et je pense que c'est là que commence l'égalité des chances.
On ne peut pas avoir la chance de postuler à un emploi si on n'a pas le diplôme. L'enjeu pour nous c'est de pouvoir amener les jeunes filles à étudier jusqu’au niveau universitaire et post-universitaire pour parler réellement de participation de la femme au niveau du développement de ces pays qui sont assez fragiles en soi. Le sujet "femmes et conflits" est assez récurrent pour nous parce que les femmes sont victimes de conflits et aussi parce qu'elles sont très peu associées au processus de négociation de paix. Le processus de paix est négocié au niveau institutionnel ce qui débouche sur une paix institutionnelle qui n'est pas la paix de la population. La paix de la population suppose d'associer toutes les couches de la population. Et la dynamique va du bas vers le haut. J'aime bien caricaturer souvent en disant que la marmite bouillonne du bas vers le haut. Toute impulsion et toute dynamique sociale doivent se construire de la base de la population vers le sommet. Jusque-là nous avons le phénomène contraire où les accords sont négociés entre institutions, le plus souvent étatiques ou internationales, dans les pays lointains et donc loin de la réalité de ces populations mais aussi de la réalité conflictuelle dans laquelle elles vivent. Il est important d'inverser cette courbe. Il faut partir du bas vers le haut en associant les femmes, depuis le début du processus de négociation de paix. Elles peuvent être porteuses de paix et constituer l'interface entre l'État et le reste de la population.
Pouvons-nous parler aujourd'hui de sécurité dans le Sahel ? Sinon quels sont les moyens pour y parvenir ?
La question de sécurité au Sahel se pose depuis plusieurs décennies, donc on en parle de manière régulière. L'actualité du Sahel se traduit toujours par cette insécurité. Il faut aussi noter que le Sahel est un ensemble interrelié. La sécurité d'un État dépend fortement de celle des États qui lui sont voisins et aussi l'insécurité dans un État peut influencer directement sur les pays voisins. Si on prend le cas particulier du Mali qui est un carrefour à 7 frontières, qui a des milliers de kilomètres de frontières qui son très peu sécurisés. Un État fragile avec une armée en manque de logistique humaine et de formation et qui est appelé à couvrir l'un des plus grands pays en termes de superficie alors que nous avons aussi une faiblesse numérique conséquente. C'est dans la résolution de ces problèmes que se joue la sécurité de ces États, fragiles, avec des difficultés d'institutionnalisation depuis leur accession à l'indépendance.
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Dire aujourd'hui que nous avons une solution toute faite par laquelle on peut passer pour avoir la sécurité, est déjà trop ambitieux et je ne pense pas que ce soit dans mes cordes d'Enseignante-chercheuse. Nous sommes plutôt dans l'analyse des dynamiques de conflictualité et d'insécurité plutôt que dans une proposition de solution et de formule magique. Mais en tant que Politiste je pense qu'une partie de la solution passe par l'État qui doit être renforcé à travers les institutions assez fortes, notamment l'institution militaire qui traduit aujourd'hui une faiblesse de l'État malien. Il faut aussi avoir un État présent sur tout son territoire. On parle beaucoup de retour ou d'absence de l'État sur l'ensemble de ses territoires car nos États n'ont pas le contrôle de l'ensemble de leurs territoires. La nature n'aime pas le vide. L'absence de l'État laisse place à une prolifération de groupes armés qui prennent possession de certains territoires et qui ouvrent la porte à toute sorte de trafics. La solution pour moi, ne peut pas être nationale, il faut avoir une réponse commune et coordonnée des États contre l'insécurité au Sahel. Ce qui passe par une harmonisation des actions tout en admettant le fait que les populations locales jouent un rôle important dans ces dynamiques. Il faut associer les populations locales, leur permettre de partager des valeurs de paix, ce besoin de sécuriser les territoires afin qu'elles soient des relais pour les États dans ce dispositif.
Citez-nous un ou quelques échecs et les leçons apprises par vous
Pour un Enseigant-chercheur, l'échec c'est le sentiment d'inaccompli. Si nous voyons les années scolaires ou universitaires au Mali, se chevaucher, ou lorsqu'on n'a pas le temps nécessaire pour dispenser l'intégralité de son programme, sans oublier les autres difficultés comme la politisation de l'espace universitaire, les dynamiques d'instrumentalisation de l'espace universitaire et aussi l'accès difficile au savoir pour les étudiants. Quand on se rend compte de la difficulté dans la laquelle les jeunes maliens étudient et aussi de leur difficulté d'accès à l'emploi après leur formation, je ressens un goût d'inachevé, c'est une sorte d'échec pour nous, Enseignants.
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Quand on prend une promotion de Master qui a très peu de chance d'accéder à l'emploi, on ressent, quelque part un échec, des échecs qui nous amènent à remettre notre système universitaire en cause, à savoir pourquoi nous produisons des étudiants qui ne sont pas demandés sur le marché de l'emploi. C'est retravailler l'adéquation ente la formation universitaire et le besoin du marché de l'emploi. Ceci est une difficulté en Afrique. Une autre difficulté c'est que nous produisons beaucoup de connaissances qui sont très peu utilisées par les politiques publiques alors que c'est nécessaire pour elles d'avoir les connaissances universitaires, des travaux initiateurs qui peuvent orienter leurs décisions stratégiques et opérationnelles. Ce peu d'intérêt des politiques publiques vis-à-vis des travaux produits par les universitaires sont des échecs ou des goûts amers pour les Enseigants-chercheurs.
Quels sont vos projets d'avenir ?
Mon projet d'avenir c'est continuer ce que je suis en train de faire, à mieux faire ce que je suis en train de faire. C'est de continuer l'enseignement et la recherche, car je pense que ce que je véhicule comme connaissance aux étudiants et même aux non-étudiants, est encore nécessaire. J'aimerais continuer à faire de la recherche pour mieux orienter les décisions stratégiques et opérationnelles des acteurs nationaux et internationaux, dans le développement des territoires. Parce que sans études, l'aide au développement est faite de manière aveugle, sans connaître le besoin réel des populations. Pour une efficience de l'aide et pour qu'il n'ait pas plusieurs actions fiancées en même temps et d’autres actions pas assez financées, il est nécessaire que ce soit la recherche qui oriente ces décisions-là, éclaire les politiques publiques. Donc je continuerai à produire ce que je peux en termes de projets de recherche et les promouvoir auprès des politiques publiques dans leurs prises de décisions. J'ai aussi des projets privés, des projets de voyage, des projets pour ma famille, j'ai des enfants qui grandissent, comment mieux passer du temps avec eux et comment leur donner cette vision que j'ai pour le monde et pour l'Afrique, leur transmettre cet amour du partage et de nos valeurs sociales et culturelles.
Si vous deviez remercier quelques personnes, qui sont-elles et que représentent-elles pour vous ?
Cette question est un peu difficile à répondre, ce qui nous renvoie, à parler d'un point de vue privé, des gens à qui nous devons quelque chose. Je remercie :
- le cercle familial, la première structure à laquelle nous devons quelque chose, la famille biologique et la famille qu'on crée avec le conjoint. Les enfants, le conjoint, chacun joue un rôle important dans notre vie. Chacun est un régulateur de ce qu'on vit. Pour pouvoir avoir la force de faire la recherche et l'enseignement il faut avoir un amour familial solide, une présence constante et toutes ces personnes jouent un rôle important.
- Le voisin qui passe le bonjour, qui vous salue, qui demande d'après vous s'il ne vous voit pas, qui s'inquiète de votre santé, qui s'inquiète de votre bien-être, pour moi nous avons des institutions sociales qui jouent un rôle important.
- le cadre professionnel, nous collaborons avec énormément de personnes de différentes cultures, religions et chacune des personnes est importante en soi, pour nous. Remercier tout cet ensemble, ce serait faire une liste des plus longues. L'important pour nous, c'est de retenir et garder en nous ce qui nous fait du bien et essayer d'oublier au maximum ceux qui nous ont fait du mal pour mieux les pardonner en tant que Musulmans, Femmes et toujours porter en nous le message de paix et d'amour.
Quelles sont les 3 qualités d'un leader ?
Un Leader c'est quelqu'un qui :
- cherche plus le bien de l'autre, de la société que son propre bien.
- ne fait pas sa propre promotion et cherche à produire des gens qui peuvent porter ses valeurs, porter plus haut sa voix et ce qu'il projette en termes de modèle de société,
- sait accepter l'autre.
Je discutais avec quelqu'un la dernière fois et je lui demandais si la démocratie n'est pas finalement le système où tout le monde a sa place, que ça soit la personne vivant avec son handicap, celle qui vit dans son milieu rural, le citadin, il faut que tout le monde ait sa place dans une société pour qu'on puisse parler d'une société inclusive. Le Leader c'est aussi celui qui sait comprendre voire anticiper le besoin social de toutes les couches de la société. Le Leader pour moi, c'est quelqu'un qui a une vision futuriste en fait et qui ne se limite pas à comment gérer le quotidien d'une société mais qui se projette et essaye de prévenir au mieux, sur des années, des décennies si possible, le bien-être social.
Que pouvez-vous conseiller aux jeunes générations pour atteindre leurs objectifs ?
Cette génération dont je ne m'exclus pas, dont toi (Soumaila le Redacteur) ne t'exclut pas, nous avons plus de défi que les générations précédentes parce que nous avons hérité d'un pays des plus fragiles, d'un système truffé d'imperfections. Nous sommes à l'ère de la corruption, des difficultés énormes telles que les difficultés sécuritaires, d'accès à l'emploi, même celles liées au besoin alimentaire. Mais nous sommes aussi, de manière paradoxale, la génération qui a le plus de chance d'accéder au savoir et à l'information grâce au développement des outils des Nouvelles Technologies de la Communication. Nous avons cette chance d'accéder à la connaissance, de renégocier à notre niveau l'ordre préétabli, sortir des chantiers battus. Nous assistons aujourd’hui à un mouvement de contestation (un peu partout en Afrique) de l'ordre des relations internationales existantes.
Ce mouvement de contestation est légitime en soi quand nous prenons nos pays et les accords signés, sachant que ces accords n'ont pas évolué alors que l'environnement (politique, géopolitique, géoéconomique et géostratégique) évolue. Il est nécessaire que cette jeunesse soit porteuse de ce message ou de cette volonté de renégociation, afin de pouvoir rêver d'une Afrique meilleure. Il est nécessaire que cette jeunesse ait aussi conscience du changement climatique et de ses effets sur l'Afrique. Qu'elle ait conscience de l'enjeu de la sécurisation de nos États mais aussi qu'elle sache saisir les opportunités que lui offre la nouvelle technologie en ce moment, celle de s'informer, de s'instruire et aussi d'avoir en commun la volonté de développement de l'Afrique, plus que jamais. Les défis et les handicaps seront toujours là mais il faut apprendre de manière collective à les surmonter. Quelqu'un qui m'ait cher me dit souvent : il faut transformer les difficultés en escalier vers la réussite. Je pense que c'est ce message que je veux transférer à la jeunesse et je sais qu'elle peut y arriver.
Citez les bienfaits immédiats de l'entrepreneuriat pour l'Afrique ?
Je pense que l'entrepreneuriat c'est la seule chance pour la jeunesse africaine de s'en sortir, sachant que depuis 1980 nos États ont cette faiblesse de capacité de recrutement. Si l'État n'a pas les moyens de créer, recruter, donner de l'emploi à ces jeunes, l'auto-entrepreneuriat reste la seule porte de sortie pour ces jeunes et cela peut toucher tous les secteurs en Afrique, que ce soit le secteur alimentaire, culturel, le showbiz, même la formation professionnelle.
"Aujourd'hui il est plus facile d'avoir une formation sur l'entrepreneuriat que sur tout autre chose. Il y a justement cette technologie de l'internet qui nous permet de savoir les bases. Pour faire face à la faiblesse de nos États de recruter, pour faire face à l'insécurité de l'emploi, l'auto-entrepreneuriat reste la possibilité pour beaucoup de jeunes en Afrique, je pense que l'exemple des pays asiatiques peut éclairer davantage sur les bienfaits de l'entrepreneuriat."
Aujourd'hui il est plus facile d'avoir une formation sur l'entrepreneuriat que sur tout autre chose. Il y a justement cette technologie de l'internet qui nous permet de savoir les bases. Pour faire face à la faiblesse de nos États de recruter, pour faire face à l'insécurité de l'emploi, l'auto-entrepreneuriat reste la possibilité pour beaucoup de jeunes en Afrique, je pense que l'exemple des pays asiatiques peut éclairer davantage sur les bienfaits de l'entrepreneuriat.
Quelle est la citation parfaite qui résume votre vie ?
''La valeur d'une vie ne dépend point du nombre de ses années mais de l'usage qu'on en fait. " Une personne peut vivre 100 ans sans tirer grand-chose de la vie, une autre peut vivre peu d'années et tirer énormément profit de la vie. La jeunesse africaine doit comprendre cela et la classe de l'ancienne génération d'intégrer le fait que ce n'est pas parce qu'on est jeune qu'on ne peut pas diriger, parce qu'on est jeune qu'on ne peut pas prendre les bonnes décisions. Mais se dire que les jeunes ont besoin de faire quelque chose de leur vie. On a tous besoin de faire quelque chose de nos vies et de savoir profiter de chaque jour que la vie nous offre et de chaque instant. Il ne faut pas oublier qu'il y a des hauts et des bas mais qu'il faut toujours renaître de ses cendres comme un Phoenix, aller toujours de l'avant et tirer un enseignement de chaque échec auquel nous sommes confrontés.
Quelques mots sur Arcare Concept
Je pense que c'est aider quelque part la jeunesse à avoir des modèles de réussite, selon moi, je ne suis pas un modèle de réussite. Mais d'autres personnes que vous aurez l'opportunité d'interviewer sont des modèles de réussite. Il faut préciser que le modèle de réussite n'est pas forcément celui qui vient de l'Occident. Chacun peut être un modèle de réussite à son niveau, avec les moyens qu'il a. L'important c'est d'arriver à atteindre ses objectifs. Interviewer, c’est une démarche qui est très bien parce que ça permet de donner le maximum de visibilité à nos actions. Nous faisons beaucoup de choses et ce que nous faisons est très peu connu par les personnes qui sont intéressées. Et quelque part c'est une chance, je vous remercie de m'avoir donné l'opportunité de m'exprimer.
Si vous deviez recommander notre blog à 3 personnes qui incarnent le leadership autour de vous, qui sont-elles et quelles sont leurs activités ?
Je recommande une personne avec un parcours qui ressemble un peu à mon parcours universitaire. Elle vient du Burkina Faso, Docteur Balima. Elle a un parcours assez riche qui peut être intéressant pour vous. Je vous conseillerai les organisations de la société civile au Mali, je ne vous donnerai pas un représentant précis au sein de ces organisations. Surtout celles qui sont dirigées par les jeunes. Je vous recommande aussi les acteurs nationaux de développement, très peu connus, mais ayant besoin de faire connaître leurs actions et qui sont porteurs de message de paix et de développement pour notre pays.
Soumaïla DIAKITE
Soumaila Diakité est le Fondateur de la start-up Arcare Concept. Il est spécialisé dans la création, le conseil et l'accompagnement des entrepreneurs, notamment dans leur communication et leur stratégie digitale. Il anime également des formations dans la communication digitale des institutions (Collectivités Publiques, Associations, Professions Liberales et Entrepises). Les tarifs sont indicatifs et s'adaptent aux réalités économiques des pays où sont situés nos collaborateurs (France, Mali, espace francophone).
Contacts : soumaila.diakite@gmail.com / Téléphone : 0033 6 65 57 09 87 / Région Hauts-de-France, France
Arcare Concept - Le Blog est un blog dédié à la promotion, la valorisation, la mise en lumière des accomplissements sur le plan individuel et collectif. Il s'agit d'une campagne stratégique (sur le court, moyen et long germe), une institution de guerre économique au service des talents, des leaders, des parcours singuliers, des projets et des entreprises qui concourent au rayonnement de l'espace francophone. Notre média souligne avec attention son intérêt pour la diversité, notamment les personnes issues de la communauté africaine qui osent faire bouger les lignes pour montrer une autre Afrique. Une Afrique qui se traduit par l'ambition, la créativité, l'humanité, la promotion de la culture de l'excellence, l'évolution (dans le bon sens) mais aussi le partage des valeurs traditionnelles et ancestrales (utiles) sans oublier la modernité. Grâce à ce blog nous avons interviewé des hommes et des femmes aux parcours fascinants. Des exemples de réussite sur nos territoires, parmi la diaspora africaine à travers le monde et dans de nombreux domaines (beauté, cinéma, musique, santé, beauté, communication...). La puissance des médias est humainement, socialement, économiquement illimitée dans un contexte d'avènement des technologies de l'information et de la communication. Les Africains d'origine et ceux de la diaspora doivent donc s'unir pour faire bloc, à ce manque de présence (active) de leur part dans la sphère médiatique car ils sont peu ou pas représentés. Entre les deux perspectives nous avons une communauté mal représentée par les médias qui sont rarement bienveillants (dans un cas) ou peu compétents en la matière (dans d'autres cas) car ignorants face à nos réalités.
"Les Africains d'origine et ceux de la diaspora doivent donc s'unir pour faire bloc, face à ce manque de présence (active) de leur part dans la sphère médiatique car ils sont peu ou pas représentés. Entre les deux perspectives nous avons une communauté mal représentée par les médias qui sont rarement bienveillants (dans un cas) ou peu compétents en la matière (dans d'autres cas) car ignorants face à nos réalités."
La communauté africaine a besoin de médias comme Arcare Concept - Le Blog qui facilite la promotion ainsi que la valorisation du parcours de ses invités, celle de leurs produits, services ou professions sans oublier que nos contenus favorisent le réseautage et la mise en relation entre les professionnels. Enfin ce qui fait la spécificité du média Arcare Concept - Le Blog c'est notre politique RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises cliquez sur Modibo Charity Concept, pour en savoir plus) qui consiste à promouvoir financièrement des porteurs de projet à travers la rédaction d'articles de ce genre pour les entreprises, les associations, les collectivités territoriales, les start-up, la société civile et les porteurs de projet. Avec notre rémunération nous finançons un porteur de projet (ou plusieurs). Le financement de ces projets se fait sur 2% de nos ressources financières par article écrit.
Lire aussi : Arcare Concept : pourquoi nous choisir?
Avec plus de 170 articles à notre actif, la connaissance du terrain et les aspirations de la jeunesse, nous sommes arrivés à la conclusion, chez Arcare Concept - Le Blog, que l'Afrique n'est plus effrayée par le succès, avec ou sans les diplômes qui créent un décalage dévalorisant entre le monde francophone et la population active. Durant des années ce décalage emprisonne les potentiels, étouffe les perspectives, détruit des avenirs dans l'espace francophone et plus particulièrement dans l'Afrique francophone. Ce décalage qui consiste à croire que c'est le diplôme qui fait la réussite, détermine, souvent de façon réductrice, les aptitudes des hommes et des femmes qui les acquièrent. Pourtant le pourcentage de jeunes diplômés (et multidiplômés) ne cesse de s'accroître au sein de la communauté des chômeurs et des personnes sans perspectives d'avenir.
Tandis que les jeunes ambitieux qui connaissent leur valeur et savent mettre en valeur leur compétence ainsi que leur portefeuille (d'adresses) arrivent à exceller dans leur domaine professionnel, avec ou sans diplôme classique. Ceux qui frappent aux bonnes portes, au bon moment, qui bravent des obstacles inimaginables finissent par développer une grande empathie pour les autres.
"Ils finissent par développer un leadership à cause de leur expérience humaine qui les fait mûrir et surtout à cause des épreuves que l'écolier ou l'étudiant ignorent tout simplement, à l'exception de ceux qui ont eu un parcours extraprofessionnel dynamique. Parler de cette réalité encore mal comprise par nous (les francophones) pour espérer en sortir sur le moyen et long terme nous semblait nécessaire. De ce fait il devient urgent de songer aux solutions pour résoudre cette réalité vis-à-vis de laquelle nos pays accusent un grand retard, malgré des prises de conscience constatées.
Ils finissent par développer un leadership à cause de leur expérience humaine qui les fait mûrir et surtout à cause des épreuves que l'écolier ou l'étudiant ignorent tout simplement, à l'exception de ceux qui ont eu un parcours extraprofessionnel dynamique. Parler de cette réalité encore mal comprise par nous (les francophones) pour espérer en sortir sur le moyen et long terme nous semblait nécessaire. De ce fait il devient urgent de songer aux solutions pour résoudre cette réalité vis-à-vis de laquelle nos pays accusent un grand retard, malgré des prises de conscience constatées.
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