Mamadou Adrien Berthé, plus connu sous son nom d'écriture Prospère Mangalou, est déjà auteur de 4 ouvrages qui abordent plusieurs facettes de la culture africaine. Il se confie à nous lors de la parution de son dernier ouvrage, un hiver à Saïgnon. Un ouvrage qui parle de la complexité humaine à l'ère de la mondialisation.
À qui avez vous dédié l'ouvrage, Un hiver à Saïgnon et pourquoi?
J'ai dédié ce roman à l'universalité de l'Homme. Une réalité pleine de sagesse, grâce à laquelle je me rends compte que ce n'est pas la couleur de la peau ni le sexe qui déterminent la grandeur de l'homme, mais ses propres choix. Du nord au sud, nous aspirons tous à cette élévation dans la dignité et surtout dans l'humanité.
Qu'est ce qui vous a motivé à écrire cet ouvrage?
L’échec politique, les crises économiques, la mauvaise répartition des richesses, la pénurie des ressources naturelles à cause de la surexploitation humaine, l’altération de l’environnement, la décadence culturelle, la méconnaissance de l'histoire pour les jeunes générations ainsi que les ingérences géopolitiques contribuent à créer un climat de tension entre les pays et les peuples. Une ingérence dont la forme la plus visible incarne l'immigration massive, ce qui crée sous l'influence (pas forcement bienveillante) des politiques, un climat de méfiance et de haine entre les communautés mais également entre les catégories socio-professionnelles.
Au regard de ces paradigmes, j'ai jugé utile d'écrire cet ouvrage, par devoir de mémoire envers le passé, l'histoire et les leçons que nous devons en tirer pour un meilleur vivre ensemble : les deux guerres mondiales, la guerre du Viêtnam nous semblent loin alors qu'à l’échelle historique ce sont des événements qui restent récents, constituant par la même occasion des plaies qui n'ont pas totalement cicatrisé dans les consciences communes. Je vous présente en exclusivité quelques passages de l'ouvrage :
Saïgon des braves soldats
Saïgon des nénuphars
Saïgon des américains
Mon séjour me revient
Au petit matin, ma valise prête
Mon binôme roule sous la couverture
J’ai honte de l’Amérique
J’ai honte de moi-même
J’ai honte de mes actes
Quelle bêtise impardonnable
Nous sommes des criminels de guerre
Que de zones bombardées
Ô vaine guerre
Ô terre des paisibles paysans
Nous sommes navrés
Que les disparus nous pardonnent
Que Dieu sauve mon âme
Ces gens connaissaient leur pays
Notre défaite certaine, malgré notre suprématie
Dieu bénit le Viêtnam
Qu'est ce que les lecteurs doivent attendre de cet ouvrage?
Selon moi, un bon auteur ne fait jamais du prêt-à-penser pour ses lecteurs. Au contraire, il les appelle à la réflexion, à l'introspection, la recherche de soi. M’efforçant d'appliquer cette philosophie, je veux laisser libre cours à l'imagination de mes lecteurs. Toute la subtilité consiste à canaliser cet imaginaire à travers l'évocation de sujets liés à la guerre, l'immigration clandestine, le fanatisme religieux (procès du Père Amaro), l'enfance, le racisme qui sont autant de problématiques décortiquées sous divers angles. Des problématiques auxquelles nous devons faire face avec des réponses politiques, économiques, civiles, associatives mais aussi culturelles et intellectuelles pour les générations futures.
Quels sont les échos de l'actualité que nous pouvons saisir dans ce roman?
Les sujets que nous avons abordé prennent forme avec subtilité, dans le parcours :
- de Malick, le fils aîné de Tiekoura, qui entreprend le périple incertain vers l'Hexagone. Avec ses frères d'infortune, ils vont transiter par la Libye dans l'objectif de traverser la mer, à bord d'un navire, pourtant endommagé.
- d'Étienne Sissoko, étudiant ouest-africain qui rencontre Hannah Steward à Moncton. Cette dernière qui fut adoptée pendant son enfance par un couple canadien va s'éprendre de cet étudiant d'origine étrangère. Les amoureux se marient sous les yeux d'une société conservatrice qui demeure méfiante face au métissage des êtres et des cultures : pour la Belle-famille, Étienne se marie pour les papiers. Un phénomène hélas fréquent qui finit par décrédibiliser, à tord, toute personne étrangère en la dépossédant de sa dignité aux yeux de la société occidentale profondément identitaire. Un phénomène qui nous oblige à nous réinterroger sur des questions essentielles qui se posent : doit-on sacrifier sa vie pour un bout de papier ?
- judiciaire du Prêtre Amaro impliqué dans un procès sur des scandales dans le monde ecclésiastique. Une société secrète où les crimes sont étouffés, malgré les preuves accablantes. Les dignitaires religieux, au-delà de tout soupçon, ont des fantasmes, le pêché étant dans la nature humaine.
Soumaïla Kotié Diakité
Rédacteur en chef chez www.arcareconcept.com
Social Média Manager chez l'Agence de Com' Concept 4'part
Diplômé en Master des Projets Numériques (Université Toulouse II)
Maîtrise Administration Générale et Territoriale (Université de Limoges)
Maîtrise Management des Entreprises Sanitaires et Sociales (IAE de Limoges)
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